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Mécénat français: l'heure de la maturité ?

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04/12/2012



En 2012, le mécénat d’entreprise a fait preuve d’une vitalité déconcertante. Malgré une diminution de son budget global sur les 5 dernières années, la continuité des investissements des entreprises depuis 2010 témoigne de leur volonté de se maintenir parmi les contributeurs les plus actifs des initiatives solidaires.



Mécénat français: l'heure de la maturité ?
L’actualité du mécénat d’entreprise a été riche en 2012. Riche d’enseignement sur l’état de cette pratique en France, mais aussi riche de certains débats qui ont questionné son avenir immédiat. Particulièrement en matière culturelle, le mécénat d’entreprise se popularise et il est notamment le fait de petites et de grandes entreprises privilégiant une démarche locale. L’impact de la crise aidant, le mécénat a connu une certaine contraction, mais a paradoxalement illustré toute son utilité sociale en période de difficulté financière. En ce sens, l’année 2012 a très largement contribué à compléter la définition et la place du mécénat d’entreprise dans notre pays.
 
Le mécénat d’entreprise se développe malgré la crise 
 
Au printemps 2012, l’association Admical publiait une étude détaillée des chiffres du mécénat français. L’enquête en question comporte des informations utiles pour mieux comprendre les ressorts du phénomène. Deux éléments retenaient alors particulièrement l’attention. Le rapport confirmait tout d’abord l’impact - même limité - de la crise sur l’engagement social des entreprises. D’après l’Admical, le budget du mécénat est ainsi passé de 2,5 milliards d’euros en 2008 à 1,9 milliard d’euros en 2011. Soumises à des contraintes financières accrues, les entreprises ont donc naturellement revu à la baisse le montant de leur contribution. 
 
Le niveau global des sommes investies a été affecté par la crise, mais l’Admical révélait aussi une seconde tendance tout aussi susceptible de retenir l’attention. En 2010, ce sont pas moins de 35 000 entreprises qui ont pratiqué le mécénat. En 2012, ce chiffre était passé à 40 000. Malgré leur capacité d’action réduite, de plus en plus d’entreprises avaient donc traduit dans les faits, au cours deux dernières années, leur intérêt pour cette démarche de soutien aux initiatives solidaires.
 
En dépit de la crise, le mécénat a connu un développement horizontal important. La conséquence de cette tendance n’est d’ailleurs pas anodine : la multiplication des mécènes – comptant dans leur rang 32 % de PME de moins de 99 salariés – contribue à ancrer le mécénat français dans une démarche privilégiant la proximité. Ainsi, 83 % des 40 000 entreprises mécènes françaises ont-elles déclaré à l’Admical pratiquer le mécénat avec des acteurs situés dans leur environnement immédiat.
 
Des succès réels
 
Rien qu’au mois de septembre 2012, la France a vu se concrétiser des succès d’envergure en matière de mécénat de proximité. Entreprises, grandes et petites, se sont mobilisées autour d’actions qui rendent difficilement compte de l’étendue de l’activité des mécènes dans la durée. Du côté des grandes entreprises, la SCNF a par exemple mis en place un dispositif permettant à ses employés de consacrer jusqu’à 10 jours de travail par an au bénévolat, afin de soutenir la politique de mécénat de compétence auprès des associations partenaires du groupe. Total a pour sa part réalisé un investissement considérable, offrant 6 millions d’euros au département des arts de l’Islam du Musée du Louvre ; un choix en parti notamment justifié par la très forte présence de l’entreprise au Moyen-Orient.
 
Du côté des petites entreprises, on peut citer l’effort remarquable de Layher en faveur de la culture. Leader européenne dans la conception d’échafaudages, cette entreprise originaire du Nord-Pas-de-Calais a ainsi pourvu les besoins de la ville de Lille pour l’organisation des animations de plein air annoncées entre mi-octobre 2012 et mi-janvier 2013 dans le cadre de l’édition 2012 de l’évènement Lille 3000. Ailleurs en France, pas moins de 17 entreprises champardenaises se sont associées pour rénover les Halles du Boulingrin. Ces entreprises apporteront ainsi leur concours à la politique de la ville de Reims en faveur de la préservation de son patrimoine historique et culturel.
 
Un avenir toutefois incertain
 
Si 2012 a incontestablement confirmé le développement du mécénat en France, cette année a aussi été celle des remises en question. Au mois de juin en effet, le nouveau gouvernement avait envisagé de réduire le montant des exonérations fiscales bénéficiant aux entreprises mécènes. Il était alors question de réduire de 60% à 30 % les abattements portant sur le montant des dons. La nouvelle avait alors largement mobilisé la société civile. Une pétition avait notamment été lancée pour dénoncer les effets d’une telle mesure sur le financement - entre autres - de la culture, et avait très rapidement récolté plus de 1 700 signatures de représentants de la société civile et du mécénat privé français.
 
En conséquence, la ministre de la Culture, Aurélie Filipetti, avait fait savoir qu’elle désapprouvait le projet du gouvernement. Prenant toute la mesure de la nécessité du mécénat d’entreprises pour compenser les coupes faites au budget public de la culture depuis la crise de 2008, Aurélie Filipetti avait donc défendu le mécénat d’entreprise contre le ministère du Budget, le présentant comme « une politique de citoyenneté culturelle […] efficace pour nos établissements et pour les finances de l’État ». En dépit de son dynamisme, un large pan de l’avenir du mécénat se jouera donc dans les années qui viennent, à la lumière du traitement politique et fiscal qui lui sera appliqué.
 
En cette fin d’année 2012, l’Admical s’apprête à récompenser les lauréats de la 28e édition des Oscars du mécénat d’entreprise. En novembre 2011, Schneider Electric et la Fondation Vinci pour la cité avaient été récompensées aux côtés de la Fondation Accenture ou encore du cabinet Enea Consulting. Ces acteurs économiques succèdent à la longue liste d’entreprises déjà engagées et récompensées depuis 1984.
 
Alors que la crise a foncièrement entamé le montant des ressources publiques allouées à la culture et au sport, les entreprises ont partiellement amorti le choc, c'est un fait. D’aucuns le reconnaissent aujourd’hui : le mécénat fait partie du panel de ressources indispensables aux acteurs de la vie associative en France. Il faut donc espérer qu’à l’avenir, l’État continuera d’en favoriser l’existence et le développement.
 
T.F.
 
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